MiniTransat Iles de Guadeloupe 2015
Cœur Fidèle, FRA
721, étape II
Au départ de Lanzarote, il y a moins d’activité sur les pontons mais plus de
pression : cette fois, on part pour La Vraie Transat !, et côté
météo, pas mal de vent est annoncé pour
les premiers jours ; je fais un dernier point avec Dominique Vittet
(météorologue avec qui le CEM travaille), il faut aller dans le Sud et on va y aller
!
Dernier bizou à ma Douce, dernier au revoir aux proches qui ont fait le déplacement et on largue les amarres.
Dernier bizou à ma Douce, dernier au revoir aux proches qui ont fait le déplacement et on largue les amarres.
Au départ du ponton, en poussant le bateau, j’entends un bruit
pas très sympa et de mauvais augure : le chandelier qui tient les écoutes
de spi vient de casser : ça commence bien !
Sorti du port parmi les premiers, j’ai le temps de réparer avec un écrou à œil. Mais en fait c’est pas si simple que ça : il faut enlever tout le matériel stocké à l’intérieur à cet endroit, enlever les mousses d’insub (ce qui sert à rendre le bateau insubmersible), réparer, remettre les mousses, reranger tout le matériel, se préparer au départ, le tout dans une mer formée ; pas encore parti et déjà en sueur.
Sorti du port parmi les premiers, j’ai le temps de réparer avec un écrou à œil. Mais en fait c’est pas si simple que ça : il faut enlever tout le matériel stocké à l’intérieur à cet endroit, enlever les mousses d’insub (ce qui sert à rendre le bateau insubmersible), réparer, remettre les mousses, reranger tout le matériel, se préparer au départ, le tout dans une mer formée ; pas encore parti et déjà en sueur.
Malheureusement, les premières sorties de piste nous ramènent vite à la dure réalité de la course : Davy Beaudart (favori en proto) rentre au port après un énorme départ à l’abattée et des soucis techniques, Axel Tréhin passe à l’eau et manque de perdre le bateau, d’autres ont des casses diverses. Personnellement, je m’accroche aux basques de Tanguy, la vitesse est là. Mais une claque
Le 660 vue de l'extérieur, pour donner une idée...
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Au cours de la vacation de J4, on apprend à la BLU la
paternité de l’un des nôtres : Ben Hantzberg est papa ! Enfin, car on
attendait tous cette naissance avant le départ !
Les classements s’égrainent, et
si les 2 premiers sont déjà loin je suis bien dans le Match. Le bateau va vite,
ça bouge, ça mouille, à la barre comme sous pilote, je suis dans le rythme, pas
de problème pour dormir ou manger, j’apprécie beaucoup ces conditions -un peu -folles
et en prends plein les mirettes.
On arrive au Cap Blanc et on met enfin le cligno à droite en
direction du Nord du Cap Vert, toujours la pédale d’accélérateur en butée…
Le 4/11, au soir, alors que je suis dans le bateau, j’entends un grand BANG et sors en
catastrophe : la poulie de bastaque (câble qui tient le mat et qui
l’empêche de partir en avant, une de chaque coté qui travaillent en alternance
de façon à laisser passer la grande voile) n’est plus alors qu’elle est
faite pour tenir à de fortes charges! J’arrive à transférer la bastaque sous le
vent par-dessus la voile pour quelle puisse temporairement prendre le relais,
le temps de bricoler une poulie de remplacement. Je fais le tout sous spi
medium à 10 -12 nœuds de moyenne. Une première avarie réparée sans que ça ne se
remarque sur la cartographie, mais je ne
suis pas passé loin du démâtage… A ce
moment là, je suis partagé entre l’impression d’être passé à rien d’un démâtage
synonyme d’abandon et de galère et la fierté d’avoir pu réparer rapidement sans
perdre de temps.
La journée du 06 (J 7) arrive après la journée du 05
consacrée au bricolage. Alors que le
jour n’est pas encore levé, le vérin électrique
du pilote automatique s’arrête subitement, entrainant un joli vrac (le bateau
se couche à 90°, les voiles claquent, tout ce qui n’est pas attaché valdingue
dans le bateau, bonhomme y compris). Je
récupère la situation et change pour le 2eme vérin électrique. Je me pencherai sur le cas du premier plus tard. Je me mets
donc en mode économie d’énergie de façon à anticiper un passage éventuel sous vérin hydraulique
qui consomme quand même beaucoup plus.
Dans cette même journée, lors d’un autre départ au tas (synonyme de vrac), le
safran s’ouvre en 2 longitudinalement, devenant très souple. Je continue comme
ça, la situation étant stable, et ne
souhaitant pas perdre de temps dans ces conditions rapides alors que
des conditions moins rapides sont annoncées
pour les prochains jours...
Je recroise ma route avec celle de Tanguy dans la nuit, mais malheureusement je ne peux matcher avec lui car c’est le moment où une 2eme vis de la ferrure choisit de casser, m’obligeant à remplacer les vis immédiatement et du coup retirer le safran. Je perds 53 minutes (très exactement, car oui oui, j’ai chronométré) dans l’histoire et 8 milles. Pour gagner du temps, je remets le safran abimé (passer sur le safran de rechange demande de faire le transfert de certaines pièces, ce qui peut s’avérer assez long).
Je recroise ma route avec celle de Tanguy dans la nuit, mais malheureusement je ne peux matcher avec lui car c’est le moment où une 2eme vis de la ferrure choisit de casser, m’obligeant à remplacer les vis immédiatement et du coup retirer le safran. Je perds 53 minutes (très exactement, car oui oui, j’ai chronométré) dans l’histoire et 8 milles. Pour gagner du temps, je remets le safran abimé (passer sur le safran de rechange demande de faire le transfert de certaines pièces, ce qui peut s’avérer assez long).
(le safran est à l’arrière du bateau, à moitié dans l’eau, ce qui demande un effort physique considérable car le bateau avance, et
Ah oui, et pendant la manœuvre, le vérin électrique a décidé de rendre l’âme : il ne me reste plus que l’hydraulique. .
Pendant la nuit, le bateau avance à toute allure, je me
souviens notamment un réveil avec l’impression que ça va très vite, je regarde
le GPS, et les vitesses s’affolent à 15,
16, 17, 18nds… Je m’envole dans la banette (couchage sommaire à l’intérieur du
bateau) avant de retomber très violemment !
Le bateau repart immédiatement à 15nds, sans s’arrêter… Je reste donc dans la
banette et me rendors.
A l’aube du 09/11
(J10) au réveil de ma sieste, je découvre que le câble de la bastaque tribord a
décidé de commencer à se rompre (4 torons de brisés) et le renfort d’amure du
médium a commencé à se déchirer ; de plus la barre de flèche supérieure
bâbord est légèrement tordue. Je prends
2 ris (réduction de la grande voile) et fais passer la bastaque bâbord au vent
de la voile pour sécuriser le mat. Il faut que je monte au mat pour désaccoupler
les 2 bastaques afin de pouvoir renvoyer les ris (remettre la voile en entier)
et ne pas être trop pénalisé ou il faut que je change la bastaque. Je me
prépare pour pouvoir monter dans le mat,
j’affale le spi pour monter dans 20 nds de vent et une mer forte et croisée. Je
n’arriverai pas à atteindre le haut du mat pour changer la bastaque et ne pourrai que désaccoupler les 2 bastaques
et détordre la barre de flèche. Je redescends du mat, extenué, et renvoie de la toile. Dorénavant,
et jusqu'à ce que je puisse changer la bastaque, il me faudra affaler puis
renvoyer la moitié de la grande voile à chaque jibe (changement de direction au
vent arrière impliquant un changement des voiles de coté du bateau pour s’adapter
à la nouvelle direction du vent par rapport au bateau). Je suis épuisé et,
clairement dans ma tête, la course est mise entre parenthèse, l’objectif est
bien de réussir à ramener le bateau en un seul morceau en Guadeloupe. Il reste
encore 1100 miles (2000km environ) à parcourir, et ces avaries successives m’on
fait tirer sur les batteries en
utilisant le pilote automatique, et leur tension commence à baisser (il n’y a
bientôt plus de pile… ^^)…
Le moral repart à la hausse !!! Ce malgré l’apparition des sargasses (algues) qui m’obligent à faire le chimpanzé pour les déloger de leur endroit de prédilection : la quille(le bateau sur la tranche, incliné à 90° volontairement et suspendu par les pieds à l’extérieur du bateau, je joue de la gaffe pour retirer de gros paquets d’algues de la quille).
Les journées se succèdent dans un rythme d’alizé avec un
vent instable qui oscille en permanence de 30°, m’obligeant à faire des
manœuvres régulièrement, avec des grains
de plus en plus virulents nécessitant des nuits quasi blanches à la barre. Les sargasses disparaissent et ne
réapparaitront qu’à 400 miles de l’arrivée sous forme de débris peu gênants. La
température extérieure monte et devient insupportable tous les jours entre 12
et 16h, me rendant totalement inefficace et m’empêchant de dormir ; à ce
moment là je rêve d’un ventilateur ou d’un bon verre de Vals (eau gazeuse Ardéchoise, je précise
pour les non Ardéchois qui me suivent) avec des glaçons… Au cours d’une de ces journées de manœuvres incessantes, je me
tords violemment le genou, ce qui va m’handicaper jusqu'à la fin, rendant les
déplacements sur le bateau plus que difficile.
Dans la journée, on commence à voir des bateaux se
rapprocher au fur et à mesure que l’entonnoir se resserre, nous somme 5 en mode
match race (régate au contact) en direction de la porte de St François !
(passage obligatoire avant l’arrivée). La bataille fait rage et malheureusement je me prends un casier lors
d’un Jibe, ce qui entraine une cocote dans le spi (le spi se dégonfle et
s’enroule autour de lui même, ce qui le rend totalement inopérant et oblige son
retrait qui peut s’avérer compliqué), pas d’autre choix que d’affaler et de
renvoyer le spi medium (plus petit) le temps de démêler… Armand en profite pour
reprendre 1 mile d’avance alors que j’avais bien recollé… Charlie 2 milles
derrière vivra la même mésaventure avec moins de succès : il y laissera un
spi.
Romain monte à bord et on commence à discuter, j’ai
tellement de choses à raconter : mes casses, mes folies, ces longs bords
de plannings….les zodiacs sur l’eau me félicitent, ils ne m’attendaient pas à
cette place et sont heureux pour moi. On range un peu les voiles et le zodiac
me ramène à quai.
On arrive près du quai et le zodiac lâche l’amarre un peu trop tôt pour qu’on puisse l’atteindre, qu’à cela ne tienne, tous les coureurs précédents se jettent à l’eau pour venir tirer le bateau en ramant et au passage me jeter à l’eau ! (tradition oblige).
On arrive près du quai et le zodiac lâche l’amarre un peu trop tôt pour qu’on puisse l’atteindre, qu’à cela ne tienne, tous les coureurs précédents se jettent à l’eau pour venir tirer le bateau en ramant et au passage me jeter à l’eau ! (tradition oblige).
Que de monde et de
sollicitation sur le ponton après 15 jours de solitude en mer. J’aperçois mes parents et ma chérie qui viennent juste d’arriver en avion, j’ai bien failli
arriver avant eux !!!!( oui car c’était aussi une de mes motivations,
venir les chercher à l’aéroport pour les narguer !)
Que de plaisir à manger des fruits frais, prendre une gorgée de Ti-Punch, discuter avec les copains, raconter mes aventures et mésaventures, féliciter Armand (5ème), Edouard (4ème), Tanguy(3ème), manger un bon steak patates.
Un peu de sommeil, un atterrissage en douceur avec mes proches, et
puis on prend le rythme, accueillir les copains qui arrivent, les mettre à l’eau, refaire leur course, notre
course…
La Mini est vraiment une communauté incroyable, il n’y a qu’à voir les arrivées pour s’en rendre compte, qu’elle que soit l’heure du jour ou de la nuit il y a toujours quelqu’un pour accueillir les concurrents et partager avec lui ces moments privilégiés (le top étant que cela se produise à l’heure de l’apéro !). Tous les gens extérieurs à cette aventure nous prennent un peu pour des fous mais sont vite conquis par ces moments de bonheur pur et de folie tellement déconnectée de la réalité si cruelle.
Que de plaisir à manger des fruits frais, prendre une gorgée de Ti-Punch, discuter avec les copains, raconter mes aventures et mésaventures, féliciter Armand (5ème), Edouard (4ème), Tanguy(3ème), manger un bon steak patates.
La Mini est vraiment une communauté incroyable, il n’y a qu’à voir les arrivées pour s’en rendre compte, qu’elle que soit l’heure du jour ou de la nuit il y a toujours quelqu’un pour accueillir les concurrents et partager avec lui ces moments privilégiés (le top étant que cela se produise à l’heure de l’apéro !). Tous les gens extérieurs à cette aventure nous prennent un peu pour des fous mais sont vite conquis par ces moments de bonheur pur et de folie tellement déconnectée de la réalité si cruelle.
Que de bonheur tout au long de cette course, de longues
glissades, des images pleins les yeux, vos noms dans le cockpit, vos petits mots
tous les jours, cette sensation de faire quelque chose d’unique qui s’impose
petit à petit.
Des moments durs, il y en a eu, mais alors que j’écris ces mots à peine une semaine après l’arrivée, j’ai déjà du mal à m’en rappeler, seuls les bons restent gravés dans ma mémoire.
Des moments durs, il y en a eu, mais alors que j’écris ces mots à peine une semaine après l’arrivée, j’ai déjà du mal à m’en rappeler, seuls les bons restent gravés dans ma mémoire.
Une aventure sportive, une aventure humaine, des rencontres
enrichissantes tout au long du projet. Je crois que c’est ce que je mettais
dans la description de mon projet à son commencement, je n’ai pas été déçu.
Encore merci à tous !
Et merci à tous les soutiens sans qui cette aventure n’aurait pas eu lieu (pas de la même manière en tout cas).
Et merci à tous les soutiens sans qui cette aventure n’aurait pas eu lieu (pas de la même manière en tout cas).
Edwin
NB :
- J’utilise régulièrement le pronom indéfini
« on », qui désigne soit les ministes dans leur ensemble, soit le couple
skipper-bateau, parce que « on » a traversé à 2 avec Cœur fidèle.
-Les vacations BLU se passe toujours de la même façon lorsque l’on a une bonne réception : une petite musique pour caler la réception, description de la situation météo générale puis prévision météo par zone, et enfin classement en distance au but (pas de position exacte mais seulement la distance a la ligne d’arrivée)
-Les 3 choses qui m’ont le plus manquées sur le bateau sont : une chignole, de la nourriture ayant une consistance sous la dent, une deuxième paire de mains, ma douce… (quoi ça fait pas 3 ?... ^^)
-Les vacations BLU se passe toujours de la même façon lorsque l’on a une bonne réception : une petite musique pour caler la réception, description de la situation météo générale puis prévision météo par zone, et enfin classement en distance au but (pas de position exacte mais seulement la distance a la ligne d’arrivée)
-Les 3 choses qui m’ont le plus manquées sur le bateau sont : une chignole, de la nourriture ayant une consistance sous la dent, une deuxième paire de mains, ma douce… (quoi ça fait pas 3 ?... ^^)